Proposition.

Morgane avait encore disparu je ne sais ou en pestant tout ce qu'elle savait. Sûrement ne décolérait-elle toujours pas de l'histoire qui liait Angie et le Maître. Moi non plus je n'appréciait pas cette femme, elle avait tout de même failli me tuer ! Mais je ne trouvais pas le fait qu'elle soit avec le Maître aussi dramatique que cela. En même temps, c'était leurs affaires et cela ne me regardait aucunement. Moi, du moment que le Maître n'était pas mécontent de moi, le reste m'importait peu.

Je décidais donc de profiter de la journée de repos qui m'étais accordée pour lire tranquillement. Il faisait un peu froid à mon gout, je fit alors apparaître des flammes vives et dévorantes dans la cheminée. Il faut dire que je suis plutôt du genre frileuse. Le livre n'était pas passionnant mais pas trop ennuyeux non plus, je m'en contentait donc. Le heures passèrent et la fin ainsi que la soit commencèrent à me gagner. Je déposais donc mon livre sur mon fauteuil et gagnait la cuisine. Je n'avais pas envie de voir de serviteurs, alors je préférait encore faire les choses moi-même. Je me préparais donc quelques pâtisseries sur un plateau ainsi qu'un thé.

Alors que l'eau bouillait, j'entendis que l'on fracturait la serrure de la porte d'entrée. Je n'étais pas très inquiète mais je préférais rester sur mes gardes, ici j'étais sur MON terrain de chasse et mieux valait ne pas m'y chercher des problèmes.

Je revenais dans le salon, posait mon gouter sur la petite table et me tournait vers l'intrus qui avait pénétré les lieux, prète à dégainer mon épée à tout moment. Pourtant je n'en eu pas l'utilité, il s'agissait tout simplement de Beskor. Ma méfiance ne diminuait pas pour autant, rien ne prouvait que ses intentions n'étaient pas hostiles.

Je me tournais donc vers Beskor. Son entrée n'était pas des plus formelles, mais en enfer on y était habitué, souvent les fenêtres se voyaient préférées aux portes et les serrures fracturées, lorsque la porte n'était pas démolie. Il croisât ses bras sans perdre de temps, m'assurant ainsi que ses intentions ne semblaient pas hostiles. Je me dirigeais vers un second fauteuil que je poussais vers la cheminée puis regagna celui où j'étais installée quelques instants auparavant. Je sonnais une cloche et un serviteur arriva dans les secondes qui suivaient.

- Vous désirez mademoiselle ?

-Une seconde tasse de thé pour mon invité.

J'invitais Beskor à s'assoir par un geste.

Bonjour Mademoiselle Night. L’architecte qui a construit votre demeure était un artiste. Pardonnez-moi d’être entré ainsi mais obtenir un rendez-vous en consultant vos gardes m’aurait surement conduit à un affrontement. Je suis également désolé d’avoir dû en mettre quelques uns hors d’état de nuire momentanément.

Je le regardais avec un petit sourire puis répondit d'un ton neutre :

- Merci du compliment, je trouve aussi. Quant à votre entrée, ne vous inquiétez pas, cela n'est pas bien dérangeant. Un incapable de plus ou de moins dans la maison ne fera pas grande différence.

Je suis venu car vous m’avez dit à notre dernière rencontre que vous seriez ravie de me voir devenir un espion du Maitre du Mal. J’y ai bien réfléchi et je serai heureux de le faire. Néanmoins comme vous devez le savoir, j’ai quelques conditions. Si elles sont irréalisables alors je resterai neutre car j’y tiens assez.

- Je suis ravie que vous ayez reconsidéré ma proposition. Je conçois tout à fait que vous ayez vos conditions, discutons-en, je vous dirais si vos ambitions sont réalisables ou non. Quant à votre neutralité, ne vous inquiétez pas. Si vous souhaitez la préserver, il n'y aura aucun problème.

Le serviteur revint avec une autre tasse de thé qu'il déposa devant l'ange. Je prit la mienne entre mes mains et en but une gorgée avant de la reposer et de croquer dans un chou à la crème.

- Mettez-vous à l'aise et servez vous.

L'ange accepta sans problème le thé mais ne toucha pas à aux pâtisseries. Peut-être n'était-il tout simplement pas gourmands... où peut-être cachait-il quelque chose. D'un autre coté, j'étais assez réputé pour ma maîtrise des poisons, alors je peux comprendre qu'il se méfie de ce que je prépare. J'attendais patiemment qu'il m'énonce ces conditions, ce qu'il ne tarda pas à faire.

Eh bien pour tout dire j’ai quatre conditions. La première c’est que mon existence en tant qu’espion du Maitre du Mal ne soit connue que de lui-même. De votre sœur, vous-même et Angie également cela va de soi. La seconde serait que l’on n’élimine pas mes collaborateurs comme Andard. J’aime travailler avec des gens sur lesquels j’ai de nombreuses informations. La troisième serait de pouvoir quitter le service du Maitre du Mal si un jour je le souhaite.

Ces trois conditions allaient presque de soit, encore que pour la dernière, il faudrait qu'il donne un préavis avant de quitter notre armée si facilement. Je me doutais bien qu'il garderais la conditions la plus compromettante pour la fin.

Ma dernière condition. Je ne sais pas si vous pouvez l’accepter sans référer à la personne concerné mais après cela ne me coûte rien de vous l’énoncer. J’ai appris à me battre dès mon plus jeune âge et je suis devenu un voleur, un assassin et un informateur très efficace en plus du combattant que j’étais. La seule chose que je n’ai jamais pu développé c’est la maîtrise de mon élément. C’est la cible de ma dernière condition. Je souhaiterai qu’Angie me forme à la maîtrise de la glace.

Je réfléchit un moment sans cesser de siroter mon thé. Tout cela était bien trop risqué pour que je prenne une décision moi même, il me fallait absolument en référer à mon maître. Après tout, un piège avait déjà été comploté contre ce dernier et Angie. Même si je déteste cette fille, il est de mon devoir de ne pas la pousser dans la gueule du loup. Car si il apprenait à bien se servir de son élément, se retournais contre Angie et ensuite disparaissait, cela serait bien problématique. Après tout un être neutre n'est pas ouvertement un ennemis mais représente tout de même une menace. Ne laissant rien paraître, je finis par dire :

- Tes deux premières conditions me paraissent légitimes et te seront donc accordées sans problème. pour ce qui est de la troisième, il te faudrait donner un préavis avant de nous quitter et tu devrais nous donner les raisons de ton départ ainsi que préciser si tu redeviens neutre ou non. Quant à la quatrième... je ne peux prendre de décision moi-même. Je dois d'abord en parler à mon maître et Angie.

Je marquais un silence et posa finalement la question qui me trottait dans la tête depuis quelques minutes :

- Mais dis-moi, pourquoi ne demande-tu pas à quelqu'un d'autre de t'aider à maîtriser ton élément ? D'après ce que je sais, il y a beaucoup de personnes qualifiées, peut-être même plus douées qu'Angie.

Beskor répondit rapidement à ma question et sans détour. pendant ce temps, je continuais de boire ma tasse de thé. Il me raconta son passé, m'expliquant qu'il faisait parti des Faucons blancs. Ce nom me rappelait vaguement quelque chose, mais pas moyen de me souvenir quoi. Il poursuivit en évoquant une amie à laquelle il tenait beaucoup et qui serait morte. Son récit était bien beau, mais pour le moment, il n'expliquait pas grand chose d'utile. Son visage empreint de peine me laissa indifférente, je n'avais pas de temps à perdre avec ce genre d'histoire.

Enfin depuis ce jour, il m’est impossible d’être entrainé par un ange car tout le monde me croit mort. Cela ne laisse plus que les vampires et Angie. Pour les vampires, je pense que vous connaissait leur arrogance. En tout cas les neutres le sont affreusement. Enfin on s’en rend compte quand il n’essaie pas de faire de vous leur repas. Comment voulez-vous que l’un d’eux accepte de me former ? Il ne restait plus que les servants du Maitre du Mal. Je suppose que des vampires se sont joint à lui et que certains maitrisent la glace mais … Si je joue mon rôle d’espion, je refuse de fréquenter quelqu’un qui le sait à par les immortelles et le Maitre du Mal lui-même. Cela ne laisse qu’Angie. Je ne sais pas si elle est qualifiée pour former quelqu’un. Vous devez le savoir mieux que moi mais pour le talent je pense qu’elle est l’une des meilleures. N’est –elle pas appelé la « Reine de la glace » ? Voilà mes raisons.

En effet, tout cela était cohérent et réfléchi, peut-être même trop à mon gout. A près tout, qu'est-ce qui me prouvais qu'il n'avait pas monté toute cette petite histoire et appris son texte par cœur, il 'avait pas hésité à parler. J'acquiesçai sans rien dire. Il fallait vraiment réfléchir à chaque détail. Je ne pouvais me permettre de prendre de décision.

- J'en ferais part au Maître et je tacherais d'en omettre aucun détail. Souhaites-tu rester dans cette maison le temps qu'Angie et Abriel se décident ? Ainsi nous n'aurions pas à te chercher. J'ignore le temps qu'il leur faudra à se décider.

L'ange aux ailes noires ne sembla pas hésiter de trop vis à vis de ma proposition. Il faisait ce qu'il voulait, rien ne l'y obligeait, mais disons que c'était plus pratique.

J’accepte avec plaisir votre proposition. Il faudra juste me trouver un endroit où vos gardes et vos serviteurs n’auront pas l’idée de regarder. Je ne voudrais pas causer de troubles et donc préférerais agir avec discrétion.

- Ne vous inquiétez-pas pour cela, le dernier étage de la maison est libre, j'y interdirais l'accès, vous y trouverez tout ce dont vous avez besoin : cuisine, salle de bain, toilettes, chambre...

J'espérais de tout cœur qu'Abriel réfléchirait bien à tout cela, j'étais peut-être trop méfiante, mais rien ne me disait que ce Beskor n'avait pas d'autres intentions. Ayant toujours faim, je reprenais une pâtisserie. Cette discution m'ayant encore plus ouverte l'appétit.

Bien qu'il dut vivre ici quelques temps, l'ange ne semblait pas à l'aise dans cette maison. cela pouvait se comprendre pourtant cette proposition était sincère, il ne lui arriverait rien ici tant qu'il ne tenterait pas de nous nuire.

Merci beaucoup. Je n’aurais jamais osé penser à mieux.

- De rien. Ici nous avons coutume de penser que tout bon travail mérite récompense. Considère ce petit séjour ici comme des vacances.

Il regardait les pâtisserie à la fois avec une certaine envie, mais je sentais en lui une réticence. C'est alors qu'il porta sa main à sa bouche, ôtant un petit objet rond de sous sa langue. Malin le bougre ! Du poison. l a du cran mais sûrement aussi beaucoup de fierté pour faire cela. Sûrement ne supporterait-il pas de périr d'une autre main que de la sienne. La curiosité me piquait au vif, les poisons me fascinaient et de me demandait lequel il cachait sous cette capsule.

Et comment vas votre sœur ? Je n’ai pas eu le plaisir de la rencontrer depuis cette méchante affaire de trahison.

- Elle est très irritable et toujours plus désagréable mais il semble qu'elle aille bien tout de même. Dites... une question me dévore de l'intérieur. Quel est le poison contenu dans cette capsule ?

Sans doute étais-je trop curieuse, mais pour moi la question était très importante.

J'avais hâte de savoir ce qu'il utilisait comme poison. Cela me permettrait également d'évaluer son niveau de connaissance dans le domaine. 'ailleurs, il ne tarda pas à me répondre :

Ma capsule ? Elle contient du venin de cobra. De quoi m’envoyer de vie à trépas en quelques instants sans problèmes. Quand on espionne, il faut toujours avoir une porte de secours dans toutes les situations. Et la capture n’a qu’une seule issue : la mort.J’avoue que je préfèrerais mourir paisiblement plutôt que torturé par ceux que j’espionne pour avoir été découvert. De toute façon si j’échoue cela veut dire que mon pouvoir était insuffisant pour que je survive.

Du venin de cobra ? Cette réponse me déçue un peu, je m'attendais à mieux. Bien qu'il soit difficile de se le procurer, il ne mettais pas à mort en un instant, il fallait minimum trois heures d'agonies.

- Ne le prends pas mal mais tu te méprends. Le venin de cobra ne tue pas instantanément, loin de là. Il met au moins trois heures avant de tuer un humain.

Je me levais rapidement et prit un livre sur une étagère, je l'ouvris à une page marquée, tournant le livre vers Beskor pour lui montrer la photographie.

- Voilà ce qui te conviendrais mieux. Du laurier rose. Une seule feuille suffirait à te provoquer un arrêt cardiaque en quelques secondes. Il te suffirait d'en extraire le principe actif pour te faire une pilule bien plus efficace.

Les poisons étaient un sujet qui me passionnaient tellement que je trouvais cela dommage que peu de gens ne s'y intéresse. J'espérais quelque part avoir pu aiguiller Beskor qui soit ne connaissait rien et faisait n'importe quoi en matière de poison, soit c'était fait dupé quant à l'efficacité présumée du venin.

Je fut vite agacée par ce que me révélait l'esprit de l'ange mais je ne laissait rien paraître. Il pensait ce qu'il pensait, j'usais de ce venin régulièrement dans la composition de mes poisons. Mais bon, je n'allais tout de même pas me mettre à me battre avec un allié potentiel maintenant, ça serait bête quand même.

Oui ce poison me parait plus sûr. Je ne manquerais pas de mettre les choses au point avec mon fournisseur. Merci de votre aide.

Un mensonge... pas mal, moins idiot que je ne le pensait. S'il savait ainsi garder ses pensées et avis pour lui, pas étonnant qu'il obtiennent de si bonnes infos. D'un autre côté, mieux valait se méfier.

Les rumeurs qui courent sur votre science des poisons sont nombreuses. En avez-vous déjà inventé beaucoup ?

- Des rumeurs il y en a beaucoup c'est sûr. J'en n'en est pas fait beaucoup, juste une vingtaine, j'essaie de coupler les différents poisons selon l'effet désiré.

Et ce n'était pas tous les jours évident avec les demandes tordues du Maître...

- Et toi ? Dans quelles mesures t'intéresses-tu à tout cela ?

Comme à mon habitude, je laissait le s pensées de mon interlocuteur courir dans mon esprit. On pourrait penser que cela rends la conversation un peu ennuyeuse, mais non car bien au contraire, les ressentis et pensées cachées des gens en disent long. D'ailleurs, je fut très amusée de constaté qu'il avait conscience que je pouvais très bien être en train de fouiller son esprit. Au final, sa réponse ne se fit pas trop attendre :

Je m’y intéresse seulement parce qu’ils sont utiles dans mes activités. Pour tuer une sentinelle, menacer un informateur, … C’est pareil pour tout. Je cherche toujours à en savoir plus quand le sujet peut m’aider à atteindre mon but. Pour le reste, ça m’est complètement égal.

Je trouvais cela dommage, mais je ne dis rien. Après tout, s'intéresser à tout était une chose très pratique, ainsi, si l'on se retrouvait dans une situation totalement imprévue, on avait toujours des tours de cachés dans sa manche. Enfin, chacun sa vision des choses, mais j'ai vu plus d'une personne se faire abattre à cause de ça.

- Je vois, c'est une façon de voir les choses.

Alors que Beskor trempait de nouveau ses lèvres dans sa tasse de thé, je me resservait également.

Et vous Mademoiselle Night qu’est qui vous intéresse à part les poisons ?

- Beaucoup de choses. La torture psychologique comme physique, les armes en tout genre, les plantes, les pierres, tout ce qui touche à la chimie et la biologie... il y en a trop pour tous les citer.

En effet, beaucoup trop. En ce moment j'étais très intéressée par les pierres afin de faire des élixirs en combinant des pierres. Mais je devais faire attention car certaines pierres, sous forme d'élixirs, se trouvaient être de vrais poisons.

- Et vous même ? Comment êtes vous devenu un espion ?

Cette fois Beskor mit un petit moment à donner sa réponse car il lui fallait le temps de mettre tout ces éléments en forme.

En fait l’espion n’est qu’une partie de ce que l’on m’a apprit. Disons que son origine remonte au moment où j’ai perdu tout. Mes rêves et tous mes espoirs. C’est difficile d’expliquer un tel sentiment à quelqu’un qui ne l’a surement jamais ressenti. Enfin à cause de ce sentiment je n’avais plus le désir de rébellion. J’avais juste envie d’en finir. De ne plus souffrir. Malheureusement j’ai vite réalisé que je ne pouvais pas m’ôté la vie. J’y tenais trop. J’ai erré sur Terre. Je me suis vite mis à voler et à tuer pour survivre, espérant surement au fond de moi que quelqu’un me surpasserait et me tuerait. Mais j’ai toujours vaincu. Je me suis rendu compte qu’il me fallait un but si je ne voulais pas que mon existence ne se résume à cette série de mort et de vol qui ne servait à rien. J’ai décidé de devenir la personne la plus puissante des trois plans. Une tache incommensurable, surtout maintenant que j’ai vu de quoi était capable le Maitre du Mal, mais qui au moins m’absorberait à plein temps.

C'était bien triste mais je n'allais pas m'apitoyer sur son sort alors que le mien ne me convenait pas vraiment plus, mais bon ça, ça ne regardait que moi. Sa vision des choses était intéressante bien que ses projets soient totalement irréalisables. Si Abriel pouvait être vaincu ainsi, cela se saurait, mais bon, son raisonnement comme quoi cela l'occuperait à plein temps était juste.

Une nuit, j’ai surpris quelqu’un entrain de cambrioler une bâtisse. J’aurais pu mourir pour avoir vu ça mais cette personne fut impressionnée par ma capacité à lui échapper si longtemps et elle m’obligea à devenir son apprenti. J’eus un Maitre. Dès ce moment, je fus formé tous les jours sans exception. Ce qui ne ce fit pas sans mal et sans contrepartie de la part de mon Maitre.

Intéressant, ainsi il avait eu un maître. J'aurais bien voulu connaître son nom, amis je savais bien qu'il ne me le révèlerait pas et bien évidemment, il fit bien attention à ne pas y penser.

Ma formation s’est composé de trois disons « parties ». Une de voleur, une d’assassin et l’autre de ce qu’on pourrait appelé espion. Voilà d’où cela vient. Je n’ai pas vraiment choisi mais ça ne m’empêche d’en être heureux. Je n’ai pas encore tout à fait fini de tout apprendre mais le reste peut m’être enseigné quand je le souhaite. Ce n’est donc pas un problème.

- D'accord, intéressant. Peu de personnes peuvent se vanter d'avoir un vécu comme le tient.

Les pensées de l'ange me révélaient des choses intéressantes. ainsi, ils restait en permanence sur ses gardes. Il avait bien raison, bien que ce ne soit pas de moi qu'il est le plus à craindre. Je sentis qu'il serait très amusant d'essayer de jouer avec ses nerfs et j'avais bien envie de le teste un peu, mais la raison me l'en empêchait. Il n'était pas là en tant qu'ennemis, du moins pour le moment.

Et vous Mademoiselle Night ? Qu’est ce qui a fait que vous êtes devenu une immortelle ? Je n’étais pas né lorsque ce fus le cas. Je connais les légendes populaires mais elles sont trop souvent éloignées de ce qui s’est réellement passer.

Cette question réveilla en moi de très mauvais souvenirs, qu'il aurait été plus simple pour moi d'effacer de ma mémoire, malheureusement on ne m'a pas accordé ce privilège. La vérité était toute autre que ce que l'on racontait, ce que moi j'aurais aimé, c'était tout simplement faire comme Beskor : rester neutre pour réussir à mener une vie sans trop de désagréments. Au lieu de ça je n'a pas eu le choix et l'on m'a forcé à suivre ma soeur. J'avais donc dû m'adapter, ce qui n'avait pas été facile, j'avais énormément souffert, notamment pendant ma formation du fait qu'Abriel trouvait que je manquais sans conteste de cruauté et qu'il fallait y remédier. Je ne pouvais tout de même pas lui dire tout cela, le Maître ne me le pardonnerais pas. Je me contenterais donc de l'histoire habituelle :

- Les légendes urbaines, bien qu'elle soient souvent exagérées, ne sont pas si éloigné de la réalité. On nous à laissé le choix à ma sœur et moi : le mal ou bien. Ma sœur à fait son choix et je l'ai suivis. Nous avons suivis une formation stricte, après quoi nous avons mené la guerre dans laquelle l'ancien maître du bien s'est vu détrôné et abattu par Abriel. C'est pour nous récompenser de la façon dont avait été mené cette guerre où le Maître n'avait son apparition qu'au tout dernier moment -celui de tuer son rival - qu'il nous à promus au rang d'immortelles.

Cette histoire était vrai, évidemment, je me contentais juste de ne pas préciser que l'on m'avais forcé la main et que contrairement à ma sœur, ma dévotion en mes Maîtres étaient limitée.

- Je pense que je ne t'apprends pas grand chose de plus que les "on dits" n'est-ce pas ?

Je put décrypter dans ses pensées qu'il comprenait très vite les choses et était très attentifs à tout ce que je disais. Pour le moment, je n'avais rien mentionné de gênant, mais il était évident que je devrais rester sur mes gardes.

Vous m’avez tout de même appris quelques précisions supplémentaires. Je vous en remercie.

Je trouvais que Beskor cherchait à apprendre beaucoup de choses sur la vie du Maître si bien que je commençais à me dire qu'il espérait vraiment dénicher les failles pour l'abattre. Je n'aimais pas le Maître comme ma sœur mais je savais parfaitement que si son règne se voyait abolie, ce ne serait pas bon du tout pour Angie, Morgane et moi. Je me devais pour ma propre sécurité et celle de ma sœur de faire en sorte qu'Abriel ne se voie pas détrôné.

Immortelle … Un mot qui inspire la crainte. Et en même temps de l’envie. Qui ne rêveraient pas d’échapper au temps ? Néanmoins je dois dire que je vous plains tout de même un peu. Vous n’êtes pas totalement libre de faire ce que bon vous semble. Si vous avez un but contraire à l’ambition du Maitre du Mal cela doit être dur de ne pas pouvoir le réaliser. C’est aussi pour ça que je veux pouvoir redevenir neutre quand je le souhaite. Cela me laisse une meilleure autonomie, un sentiment de liberté. Même si je dois l’avouer la neutralité est plus risquée. Mais je pense que ce risque vaut la peine d’être pris. Vous n’êtes pas obligée de répondre mais j’aimerai savoir ce que vous en pensez.

J'écoutais avec méfiance les paroles de l'ange, je devais bien choisir mes mots.

- Je comprends parfaitement ton point de vue, j'ai toujours pensé qu'il fallait se battre pour ses idéaux amis pour ma part je n'ai pas de soucis car mon seul souhait est de voir le règne de mon Maître perdurer. Et effectivement, être neutre n'est pas simple, tu dois te retrouver souvent le cul entre deux chaises. Sache que si tu pactises avec mon Maître, même si tu le rompt comme il faut, aux yeux de nos ennemis tu resteras un traître. Même si tu leur livre des information après.