Proposition.

Je me moque totalement de ce qu’ils pensent de moi. Je ne leur dois rien et je suis seul maitre de mon destin. Je ne veux pas être leur ennemi mais s’ils se mettent en travers de ma route ils mourront. Je ne suis pas quelqu’un qui cherche à faire gagner les autres. Le seul que je veux aider c’est moi.

Je trouvais sa façon de penser assez erronée mais je gardais une fois de plus mes commentaires pour moi. Il se croyait seul maître de son destin, mais la preuve que ce n'étais pas le cas : il ne peut supplanter Abriel ou Elioth, or, seuls ces deux là peuvent prétendre avoir un tant soit peu de liberté. De plus, quelqu'un de vraiment libre est quelqu'un qui vivrait seul sur une planète rien que pour lui. Enfin bon, ce n'était là que ma façon de voir les choses.

- Que souhaites-tu manger ce soir au diner ?

Je changeais du tout au tout de sujet, mais je ne voyait rien à ajouter sur ce qui avait été dit et autant que l'on serve à l'ange quelque chose qu'il aime manger.

Ce que j’aimerai manger ? Un brusque changement de conversation. Elle aurait pu me surprendre avec cette phrase mais il en faudrait plus que ça.

Ce qu’il vous plaira. Je ne suis pas difficile. Ce sera surement meilleur que ce que je mangeais autrefois.

Durant le premier mois de mon exil, je n’avais pas eu la partie facile pour trouver de la nourriture. Ce que j’ingurgitais été parfois dégoutant mais me permettait de tenir debout. De cette époque, il me restait un léger manque d’enthousiasme à profiter des plaisirs simples de la vie. On me l’avait reproché par la suite. Peu m’importait.

Je pris ma tasse de thé et la finit doucement en détaillant une fois de plus l’immortelle. Quelle magie pouvait bien lui donner l’apparence d’une jeune femme de son âge alors qu’elle avait plus de cinquante ans ? J’aurais bien aimé la connaitre. Voilà un objectif de plus à ajouter à ma liste.

Je regardais les autres pâtisseries avec gourmandise mais je me retint d'y toucher où je finirais bien vite par prendre des kilos.

Ce qu’il vous plaira. Je ne suis pas difficile. Ce sera surement meilleur que ce que je mangeais autrefois.

Son esprit étant un livre ouvert pour moi, j'y appris quelques éléments de son passé. Cela ne m'intéressait pas vraiment bien que je pourrais peut-être y déceler quelque chose d'intéressant. Aussi mystérieusement qu'évolue le cours des pensées, Beskor en vint à se poser des questions sur mon age. Il prêtait vraiment attention à tout. Pas étonnant qu'il soit un si bon espion.

- C'est amusant de voir à quel point tu es curieux. J'aime ta façon de tout analyser ainsi. Et c'est pourquoi je vais répondre à la question que tu te pose. La magie qui permet la conservation de mon corps est une magie très ancienne, prohibée depuis la nuit des temps. Très puissante, elle tire son pouvoir d'un pacte impossible à briser et d'un sacrifice lourd. Tout simplement.

Je le scrutait, à l'affut de la moindre réaction face à mes paroles.

Elisa répondit à ma question intérieure. Elle aimait bien ma façon de tout analyser. C’est vrai que je retournais toujours les informations que j’apprenais afin d’en déduire d’autres informations. Je déduisais quasiment toujours juste. C’était devenu un réflexe et je le faisais tout le temps même sans raison.

L’immortelle m’apprit que la magie qui empêchait le temps d’atteindre son corps était une ancienne magie interdite. Pff interdite c’était juste parce que son secret devait être bien gardé que l’on ne l’usait que dans quelques rares cas. L’interdiction était une notion plutôt inutile dans ce monde. La seule règle était plutôt de ne pas se faire prendre.

Elle m’expliqua également que l’énergie du sortilège venait d’un énorme sacrifice et d’un pacte inaltérable. Je me demandais bien ce qu’Elisa avait du sacrifier mais ce n’était pas vraiment une réponse que j’allais chercher. Par contre le fait que le pacte soit indestructible retint plus mon attention.

Je vois. La magie qui a créé votre état est d’une puissance peu commune. Je dois cependant avouer que devenir immortel de cette manière ne me conviendrai pas vraiment si j’avais le choix de le devenir ou pas. Le fait d’être enchainé par un pacte qui ne peut être brisé me donnerait un sentiment d’être en cage plutôt qu’autre chose.

Je comprenais que des gens puissent faire ce choix mais il n’était pas pour moi. A moins de trouver un moyen de briser ce qui ne peut pas l’être durant tout ce temps. Mais même ainsi je sais que je n’aurai pas été satisfait. J’aime être libre et ce à chaque instant de mon existence.

L'ange réfléchissait beaucoup, analysant chacune de mes paroles. Cela me fit sourire, mine de rien, il était de plus en plus rare de trouver des personnes encore pourvue d'un cerveau dans ce bas monde.

Je vois. La magie qui a créé votre état est d’une puissance peu commune. Je dois cependant avouer que devenir immortel de cette manière ne me conviendrai pas vraiment si j’avais le choix de le devenir ou pas. Le fait d’être enchainé par un pacte qui ne peut être brisé me donnerait un sentiment d’être en cage plutôt qu’autre chose.

Oui cette magie était puissante, tellement qu'elle ne pouvait être dissoute. L'interdiction d''y avoir recours venait tout simplement du fait qu'elle pouvait détruire la personne qui tentais de l'utiliser si cette dernière n'était pas prête ou assez force pour l'encaisser. A ma connaissance, il n'y avait qu'une personne capable actuellement d'utiliser cette magie, le Maître.

- Tout est une question d'éducation et de caractère. Toi ces deux choses font que tu as besoin en permanence d'avoir une porte de sortie, pour ma part l'on m'a enseigné à faire des choix et à m'y tenir, à assumer les conséquences de chacune de mes paroles, de chacun de mes actes.

Cette éducation, cette façon de voir les choses, c'était bien sûr Abriel qui nous l'avait enseigné à ma sœur et moi. A mon sens, mieux valait se contenter de lui obéir bêtement, ce n'est pas le genre de personne à qui l'on peut prétendre opposer résistance.

Une question d’éducation et de caractère ? Pour le caractère c’était surement vrai mais pour l’éducation j’avais un doute. Les rebelles se battaient certes pour la liberté mais s’il devait mourir pour une cause il le faisait souvent. Moi je me créais des portes de sortie pour justement éviter d’être obliger de sacrifier ma vie.

Elisa quand à elle avait été apprise à tenir ses choix quel qu’il soit. Moi je calculais aussi ce qu’il se passerait quand j’agissais, histoire de faire le choix le plus bénéfique pour moi. Cependant je n’avais pas à assumer les conséquences de mes paroles. Depuis que j’étais devenu Beskor je n’avais jamais remis en cause un seul de mes actes. A quoi cela servait-il ? La passé était le passé. Par contre j’avais plus d’une fois esquiver les conséquences de mes actes. Que m’importait ce qui se passerait si j’assassinais quelqu’un du moment qu’on me payait assez pour le faire ? Bien entendu pour quelqu’un qui pourrait m’être utile le prix était plus important, et je ne parlais pas d’or.

Je suppose que votre sœur a du recevoir la même éducation que vous. Par contre j’avoue que Dame Angie ne me semble pas avoir eue la même. Après tout servir les rebelles puis le mal puis les rebelles et enfin le Mal ne me semble pas être le fait de quelqu’un qui s’en tient à ses choix.

Cette pensée avait germée dans mon esprit alors que je réfléchissais à ce que les paroles d’Elisa pouvait bien cacher.

Les pensées de l'ange coulaient dans mon esprit comme une rivière intarissable. Elle se présentait sous le petite voix qui résonne dans notre tête alors que nous pensons et que certains appellent conscience. Ce flot d'information m'apprenait que nos points de vues divergeaient assez, ce qui étais normal. Inutile de revenir sur le sujet, nous avions chacun nos opinions et voilà. Ce fut ensuite une voix plus grave et plus forte que celle du fil de ses pensées qui parvint à mes oreilles :

Je suppose que votre sœur a du recevoir la même éducation que vous. Par contre j’avoue que Dame Angie ne me semble pas avoir eue la même. Après tout servir les rebelles puis le mal puis les rebelles et enfin le Mal ne me semble pas être le fait de quelqu’un qui s’en tient à ses choix.

Je sourit à ses paroles, oui Morgane avait reçu la même éducation que moi, mais elle s'y était adapté plus facilement. Du moins sur certains point. D'autres au contraire montraient clairement qu'elle ne savait pas se maîtriser, ce qui avait pour effet d'attirer les foudres du maître sur nous plus de fois qu'il ne le faudrait. Il parla également d'Angie. Je méditais un peu ses paroles avant d'expliquer :

- C'est différent. Angie n'a pas reçu la même éducation que nous et n'a pas été formé de la même manière. De plus, elle avait ses propres idéaux qui ont étés remis en cause par notre maître. Nous il s'agissait de dévotion et de servitude.

Je n'étais pas sûre d'être claire mais qu'importe. Angie n'avait rien an commun avec Morgane ou moi, mis à part le fait de souhaiter le règne éternel d'Abriel.

Elisa laissa flotter un sourire sur ses lèvres. Je n’avais encore jamais vu ce spectacle. C’était quelque chose de particulier. Ma question avait peut être un sens qui était plus important pour elle que pour moi. Elle prit un temps de réflexion et me confirma mes doutes. Angie n’avait pas été formée comme les jumelles. Cela se sentait mais l’entendre était plus disons concret.

J’entendis également que dans le cas de sa sœur et elle, c’était un sentiment de dévotion et servitude qui les animaient. Deux mots vides de sens pour moi. Je ne servais personne d’autre que moi. Quoique la dévotion me touchait tout de même un peu. Après tout j’étais toujours dévoué à quelqu’un même si elle n’était plus de ce monde.

Je vois. C’est donc tout à fait normal.

Je n’allais surement pas questionner Elisa plus longtemps sur les différences qui existaient entre elles. J’aurai bien l’occasion de le voir par moi-même si je devenais un espion d’Abriel.

Comme depuis le début de la conversation, Beskor analysa l'ensemble de ma réponse, n'oubliant aucun détail. Cette façon de faire m'était disons... sympathique. D'ailleurs il ne fit qu'approuver ce que je lui dit, sans rien ajouter, si bien qu'un silence s'installa. J'étais tout de même étonnée par sa curiosité vis à vis des immortelles. Remarque, peut-être était-ce tout à fait normal, étant au cœur de l'histoire, je ne pouvais vraiment me rendre compte. Au dehors, la nuit tombait inlassablement, plongeant la pièce dans l'obscurité. J'allumais donc quelques bougies, gardant mon regard fixé par la flamme, m'amusant à jouer avec cette dernière, la faisant prendre des tailles et des formes variées. Cela me détendait, me permettait d'oublier tout ce qui m'entourait l'espace d'un instant. Avant, cela me demandait énormément de concentration pour manier cet élément indomptable, maintenant cela n'était plus qu'une formalité. out comme le serait sans doute le maniement de la glace pour Beskor lorsque ce dernier aurait achevé son entraînement avec Angie. J'étais presque sûre de toute façon qu'elle ne refuserait pas de l'aider.

Relâchant mon attention de la bougie, je reportais mon regard encore imprimé de la danse du feu sur Beskor :

- Il n'y a pas d'heure pour dîner. Fais toit préparer ce que tu désires par les domestique ou si tu préfères, sert toi dans le frigo. En gros tu manges quand tu veux.

Je me levais ensuite, replaçant ma robe, puis me détourna vers la porte. J'étais fatiguée et je comptais juste manger et aller me coucher :

- Je te souhaite une bonne nuit.

Exténuée, je quittais la pièce en baillant.

Elisa garda le silence. Je ne le brisai pas. Elle alluma les bougies d’un coup. Les flammes prirent des formes étranges. L’immortelle était entrain de jouer avec. Leur taille augmenta puis rétrécit. Ce la semblait si simple … C’était ce que je voulais. Perfectionner mon don comme elle. M’en servir sans grands efforts et sans même y penser. J’enviais ce qu’elle était entrain de faire mais j’étais là uniquement pour ça. Pour contrôler mon élément à la perfection. Ainsi je deviendrai plus puissant et je me rapprocherai de mon unique but, mon unique rêve.

Elisa finit par me regarder à nouveau me déclarant que je pouvais me restaurer quand je le voulais. Il me suffirait d’appeler les serviteurs ou de me servir moi-même. Elle se leva, replaçant sa robe calmement et s’en fut vers la porte en me souhaitant une bonne nuit.

Que votre sommeil soit paisible Mademoiselle Night.

Je la vis bailler quand elle sortit de la pièce. Je me retrouvais seul ici. Cette conversation s’était passée sans encombre et j’en étais plutôt heureux. Je restais là quelques instants à essayer de tirer des conclusions de notre discussion.

Ensuite, je me levais et me dirigeais vers la partie de la maison qu’Elisa avait mise à ma disposition. Je me servis au passage de nourritures, pensant que moins les serviteurs me verraient mieux cela vaudrait. Une fois dans ma chambre, je mangeais tranquillement le tout avant de faire le tour de la pièce. Elle était spacieuse. Je n’avais encore jamais eu une chambre pareille. Je me déshabillais et me mis au lit, non sans avoir gardé quelques petites choses utiles sur moi. Je m’endormis bien vite dans mon sommeil léger.